top of page

" La minute management et coaching #285 " Baisser les bras : faiblesse ou acte de lucidité ?

ree

Dans notre société moderne, tout semble tourner autour d'une valeur centrale : la force. Force de caractère, force de travail, force de résilience. On doit " tenir bon ", " ne rien lâcher ", " se battre jusqu'au bout ". La faiblesse est soupçonnée, le découragement mal vu. Mais derrière ce culte de l'endurance se cache une question dérangeante : et si baisser les bras était parfois plus intelligent, plus juste, plus humain que continuer à se battre ?


L'injonction contemporaine à la force : un nouveau dogme


Pourquoi ?


  • Une société hyper-individualiste : chacun est responsable de son succès comme de ses échecs; " si tu n'y arrives pas, c'est que tu n'as pas assez travaillé sur toi".


  • L'idéologie du développement personnel : livres, coachs, influenceurs répètent qu'il faut toujours se dépasser, "sortir de sa zone de confort", transformer chaque difficulté en opportunité.


  • Le storytelling héroïque :

    - L'entrepreneur ruiné ou autodidacte qui rebondit et devient milliardaire.

    - Le sportif blessé qui revient et gagne.

    - L'artiste rejeté qui triomphe plus tard.


Ces récits inspirent, mais instaurent une norme: ne jamais céder, même quand la réalité est écrasante.


  • La culpabilité du faible : ceux qui " lächent " sont perçus comme paresseux, défaitistes, incapables de résilience. Cela crée une double peine : souffrir, et en plus avoir honte de souffrir.


Baisser les bras : renoncement ou clairvoyance ?


  • La résignation : se retirer de la vie, subir, renoncer à toute volonté. Une forme de passivité douloureuse.


  • La clairvoyance : savoir reconnaître une impasse, admettre ses limites, refuser de sacrifier son intégrité pour des objectifs imposés par l'extérieur.

    Exemple concret : quitter un emploi toxique n'est pas une fuite, mais une sauvegarde de soi.


  • La référence stoïcienne ( Épictète, Marc-Aurèle ) :

    - On ne choisit pas les évènements, mais notre rapport à eux.

    - Abandonner une lutte absurde peut être un acte de raison.


La lucidité existentielle : parfois, " tenir " ne sert à rien, sinon à prolonger la souffrance.


Le lâcher prise : un outil psychologique


  • La psychologie contemporaine:

    - Le lâcher-prise est étudié comme facteur de réduction du stress.

    - Il s'oppose au perfectionnisme, souvent source de burn-out.


  • La santé mentale:

    - " Tenir à tout prix " mène à l'épuisement professionnel ou émotionnel.

    - Les thérapies cognitives et comportementales apprennent à " déposer " certains fardeaux.


La philosophie du renoncement : la force du non


Nietzsche ( 1844 - 1900 )


  • C'est la critique virulente des valeurs "morales" imposées par la société, qui transforment l'individu en être docile et culpabilisé.

  • Pour Nietzsche, la vraie force n'est pas dans l'obéissance aux normes (travail, devoir, sacrifice), mais dans la capacité à créer ses propres valeurs.

  • " Dire non" peut être un acte de puissance : refuser de se plier aux attentes collectives, c'est affirmer sa singularité.

    Exemple: quitter une carrière brillante mais vide de sens n'est pas un échec, mais une affirmation de sa volonté de puissance - non pas contre les autres, mais pour soi-même.


Albert Camus (1013-1960 )


  • Son " mythe de Sisyphe " illustre la condition humaine : un effort absurde et répétitif qui ne mène à rien.

  • Camus propose de " vivre sans appel ", c'est-à-dire d'assumer l'absurde sans chercher de sens transcendant.

  • Pourtant, il n'exige pas une lutte permanente: accepter l'absurde, c'est aussi savoir contempler, jouir du présent, ne pas être esclave de la tâche.

  • Baisser les bras, dans cette perspective, ce n'est pas renoncer à la vie, mais refuser de réduire la vie à un rocher à pousser sans cesse.


Emil Cioran (1911-1995)


  • Philosophe du désenchantement, il voyait dans l'abandon une forme de lucidité radicale.

  • Pour lui, la force de continuer à lutter malgré tout est une illusion; ceux qui osent lâcher sont peut-être plus proches de la vérité de l'existence.

  • Ses aphorismes soulignent la beauté paradoxale du renoncement : " Renoncer, c'est déjà agir ".

  • Dans un monde où l'optimisme est valorisé, Cioran nous rappelle que l'abandon peu-être une élégance - une manière de ne pas s'épuiser dans des combats insensés.


Les stoïciens ( Épictète, Marc Aurèle, Sénèque )


  • Leur philosophie repose sur la distinction entre ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous.

  • Baisser les bras, dans ce cadre, n'est pas une faiblesse mais une sagesse : pourquoi s'acharner contre des forces que nous ne maîtrisons jamias ( la mort, le hasard, le jugement des autres ).

  • Loin de prôner la passivité, les stoïciens invitent à consacrer notre énergie seulement à ce que nous pouvons réellement transformer.


C'est une école de liberté intérieure : parfois, céder à l'extérieur, c'est se préserver à l'intérieur.


Sociologie : le refus comme acte collectif


  • Le burn-out comme symptôme social: ce n'est pas seulement un problème individuel, mais une conséquence d'un système qui surexploite les individus.


  • Quiet quitting ( démission silencieuse) : travailler juste ce qu'il faut, refuser le surinvestissement. Pas de faiblesse, mais un repositionnement.


  • La décroissance personnelle : certains choisissent volontairement de réduire leurs ambitions matérielles pour vivre mieux.


  • Acte politique : baisser les bras, c'est parfois refuser d'alimenter une machine qui détruit l'humain.

    Exemples concrets :

    - Démissionnaires de la "grande démission " (post-Covid )

    - Jeunes générations qui refusent le mythe du " métro - boulot - dodo " et cherchent du sens.


Vers une redéfinition de la vulnérabilité


  • Sortir de la honte: reconnaître que la fatigue, l'abandon, le renoncement font partie de l'expérience humaine.


  • Réhabiliter l'échec : au lieu de le voir comme une tache, le considérer comme une étape ou une libération.


  • Changer de paradigme :

    - La force n'est pas dans la résistance à tout prix.

    - La vraie force peut être dans la capacité à dire " je m'arrête ".


  • Une sagesse moderne: dans un monde saturé d'injonctions, baisser les bras devient un acte de rébellion douce.


Baisser les bras n'est pas forcément abandonner la vie. C'est parfois, un refus de se sacrifier pour des attentes irréalistes, une manière de se réapproprier son temps et son énergie, redécouvrir sa liberté intérieure.

Dans une société obsédée par la performance, la vulnérabilité peut devenir une arme, le renoncement un courage, et le lâcher-prise une sagesse.



Coaching = déclenchez votre potentiel, transformez votre carrière !

Formation = apprenez aujourd'hui, maîtrisez demain !

Conseil = votre vision, notre expertise: ensemble réalisons-la !


Contactez-nous ! 


Commentaires


bottom of page