" La minute management et coaching #287 " " Lion dehors, chat dedans " : pour un leadership à double face ?

Paradoxal ? Plutôt lucide. À l'ère des organisations hybrides, mouvantes, concurrentielles et sensibles, une nouvelle exigence émerge: être puissant à l'extérieur, mais doux à l'intérieur. Être lion dehors, chat dedans. Ce double visage n'est pas une posture bancale, mais une stratégie de survie et d'excellence. Encore faut-il savoir l'incarner ?

Une métaphore, deux postures, un équilibre

• Lion à l'extérieur: le monde extérieur (marché, concurrence, finance, politique, médias) impose de la puissance, de la visibilité, de la combativité. Il faut être présent, affirmé, capable de défendre ses intérêts. La posture du lion est une condition d'existence stratégique : elle protège, impose le respect, elle inspire.

  
  

• Chat à l'intérieur: l'univers interne de l'organisation (collaborateurs, culture, dynamique d'équipe, éthique du quotidien) demande au contraire de la délicatesse. Il faut écouter, comprendre, ajuster, prendre soin. La posture du chat construit la confiance, nourrit la loyauté, favorise l'agilité collective.

  
  

Cette dualité n'est pas un artifice. Elle répond à un besoin: réussir sans s'auto-détruire dedans.

Les racines profondes du modèle

• La psychologie sociale: l'humain est un être de rôles. On adapte nos postures selon le contexte. Ce n'est pas être faux, c'est être adapté.

  
  

• Le leadership contemporain: le leader moderne n'est plus seulement un stratège ou un chef de guerre. Il est aussi coach, facilitateur, soutien. Il doit passer d'un rôle à l'autre avec fluidité.

  
  

• La culture organisationnelle: les entreprises toxiques le sont souvent parce qu'elles ne savent être que lion. Et celles qui échouent à se positionner à l'extérieur sont parfois trop reliées sur leur cocon interne.

Ce que cela exige: compétences, conscience, cohérence

Incarner ce double rôle demande un haut niveau de maîtrise et d'intelligence de situation.

• La capacité à lire les contextes: savoir quand il faut rugir et quand il faut ronronner. Être capable d'évaluer finement les enjeux, les sensibilités, les moments de bascule. C'est de la stratégie appliquée à l'humain.

  
  

• Les compétences humaines élevées: le lion utilise l'affirmation de soi, la prise de décision rapide. Le chat, lui, manie l'écoute, la nuance, la patience. Il faut maîriser les deux spectres.

  
  

• La cohérence perçue: le danger, être vu inconstant ou double-face. Il faut que les équilibres comprennent cette dualité comme un choix réfléchi, non comme une incohérence comportementale.

  
  

• L'éthique relationnelle: on ne peut pas être chat que pour manipuler. Il faut une vraie sincérité dans le soin accordé aux gens. Sinon, le masque tombe.

Quels sont les pièges à éviter ?

• Trop de lion: les conséquences sont la culture de la peur, l'épuisement, le turnover élevé, la perte de sens. Le feu intérieur consume les ressources internes.

  
  

• Trop de chat: inertie, complaisance, perte de compétitivité, manque de réaction au changement. Le cocon devient prison.

  
  

• Mauvais timing: rugir au mauvais moment peut casser la confiance. Être doux quand il faut trancher peut détruire l'autorité.

Quelques cas concrets

• La startup audacieuse: elle doit rugir pour lever des fonds, attirer des talents, se faire une place sur un marché souvent saturé. Mais à l'intérieur, elle cultive l'écoute, la solidarité, le droit à l'erreur. Le binôme lion / chat est sa condition de survie.

  
  

• La grande entreprise vieillissante: elle a perdu son rugissement. Elle s'est bureaucratisée à l'extérieur, et s'est raidie en interne. Ni lion, ni chat. Juste un dinosaure en voie d'extinction !

  
  

• L'entrepreneur agile: il négocie pied à pied, défend son projet avec force. Mais avec son équipe, il se rend vulnérable, écoute, ajuste. Il fait coexister les deux visages sans schizophrénie.

Comment cultiver cette dualité ?

• Former les leaders au leadership contextuel: il n'y a pas un bon style, il y a un bon style au bon moment.

  
  

• Valoriser le soin autant que la performance: célébrer la puissance, oui. Mais aussi la bienveillance, l'écoute, la loyauté.

  
  

• Créer des rituels d'ajustement: offrir des espaces pour réguler les tensions entre l'extérieur et l'intérieur (réunions d'équipe honnêtes, feedbacks croisés, prise de recul).

  
  

• Soigner la communication: expliquer les décisions de "lion" et justifier les moments de "chat". Le silence crée la méfiance. La transparence, la confiance.

" Lion dehors, chat dedans" n'est pas juste un clin d'oeil. C'est un modèle d'avenir. Dans un monde incertain, violent parfois, mais aussi avide de sens et de lien, cette posture duale est peut-être la seule capable de conjuguer puissance et humanité.

Elle oblige à penser, à écouter, à se remettre en question, à être multiple. Elle ne se décrète pas. Elle se construit, jour après jour.

Alors, rugissez. Mais ronronnez aussi. C'est à cette condition que l'on vous suivra.

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