" La minute management et coaching #295 " Déléguez-vous par confiance ou par fatigue ?
- Jean-Luc FOURNEAUX

- 1 oct.
- 5 min de lecture

Déléguer semble une solution logique : libérer du temps, avancer sur les dossiers, mobiliser son équipe. Mais derrière ce geste en apparence neutre, se cache un moteur décisif, souvent inconscient : délègue-t-on par réelle confiance ou simplement parce qu'on est à bout ?
Cette différence, bien plus qu'un détail, détermine l'efficacité de la délégation, son impact sur l'équipe et sur la santé mentale du délégant. Déléguer par fatigue, c'est parfois jeter un poids par-dessus bord pour ne pas couler. Déléguer par confiance, c'est choisir de partager un chemin pour avancer à plusieurs.
Définition, contexte et enjeux
Délégation signifie confier à quelqu'un d'autre une tâche, une responsabilité, une partie de son rôle tout en restant responsable du résultat. Ce n'est ni un abandon, ni un simple " faire-faire ".
Déléguer, c'est aussi transmettre une autonomie, donner du pouvoir de décision, accepter une part d'incertitude, tolérer l'erreur dans un cadre convenu.
Les enjeux sont multiples
Gain de temps, meilleure allocation des ressources humaines, focalisation sur les tâches à haute valeur ajoutée.
Développement des compétences des collaborateurs et renforcement de leur motivation.
Réduction du stress, évitement du surmenage et du burn-out du délégant.
Déléguer par confiance
Caractéristiques
Quand on délègue par confiance, ce sont typiquement :
Volonté active de partager et de répartir le travail, parce que l'on croit en l'autre, en ses capacités.
Patience pour former, expliquer, laisser de la marge d'erreur, faire confiance au processus.
Vision à moyen et à long terme : déléguer pour faire grandir l'équipe, développer les compétences, rendre la structure plus robuste.
Acceptation d'un certain lâcher - prise : on ne contrôle pas chaque détail, on accepte une méthode différente pourvu que le résultat soit atteint.
Bénéfices
Meilleure motivation et engagement des collaborateurs ( se sentir reconnu, utile, responsable ).
Plus de capacité à gérer les imprévus ou les projets à forte valeur ajoutée, car le délégant peut se concentrer sur le stratégique.
Amélioration de la résilience de l'équipe : quelqu'un d'autre sait faire la tâche, relève de poste possible, moins de dépendance à une seule personne.
Limites et risques
Même quand la motivation est pure, on peut rencontrer des obstacles:
Le temps initial d'explication et de formation : cela peut être long, et la tentation est de ne pas le faire rigoureusement.
Perte de contrôle et divergence de méthode : si le délégant ne parvient pas à accepter que le délégataire fasse différemment, cela crée des frustrations.
Risque d'erreur, de résultats moins bons au début, ce qui impacte la confiance si le suivi, le retour, le soutien ne sont pas bien organisés.
Déléguer par fatigue
Caractéristiques
Déléguer par fatigue, c'est souvent être poussé plus qu'on ne le choisit:
Sentiment d'être débordé, épuisé, à bout de ressources.
Pression du temps ou surcharge de travail: " Je n'en peux plus " , " Je dois faire moins ", " Je dois lâcher quelque chose ".
Moindre attention au choix de la personne, de la tâche, des moyens, de la formation. Parfois, déléguer juste pour déléguer, sans stratégie.
Risque de déléguer " à la va-vite ": peu d'explications, un contrôle lâche, peu de suivi.
Dangers
Mauvaises qualités des résultats : faute de transmission d'information, de compétences ou d'objectifs clairs.
Frustration chez le délégataire : si l'on donne une tâche sans support, sans ressources, sans reconnaissance. cela peut générer de la démotivation.
Risques de doublons ou de corrections constantes : le délégant finit par reprendre le travail ou corriger sans cesse, ce qui annule le gain de temps et augmente la fatigue.
Risque de conflit ou de malentendu : attentes non clarifiées, responsabilités floues.
Déléguer par confiance VS déléguer par fatigue
L'intention
Par confiance
Volonté de faire grandir l'autre, de renforcer l'autonomie et de partager les responsabilités.
Démarche proactive, anticipée, pensée pour la montée en compétences.
Par fatigue
Besoin de se soulager immédiatement, de se décharger d'un trop-plein.
Geste réactif, souvent subi, parfois désespéré.
Le choix du délégataire
Par confiance
Sélection basée sur les compétences, l'intérêt, la capacité d'apprentissage.
Tâche ajustée au profil, avec objectif de développement.
Par fatigue
On délègue à " qui peut prendre ", sans vérifier la disponibilité ni la compétence réelle.
Choix improvisé ou par défaut.
La qualité de la transmission
Par confiance
Objectifs clairs, consignes précises, mise en contexte.
Temps pris pour expliquer, former, transmettre les clés du succès.
Par fatigue
Transmission rapide, parfois floue ou incomplète.
Manque d'informations, d'objectifs, ou d'accompagnement réel.
Le suivi et la communication
Par confiance
Valorisation, engagement, sentiment de reconnaissance.
Gain d'autonomie et développement personnel.
Par fatigue
Frustration, flou sur les attentes, stress.
Risque de surcharge ou de désengagement si la tâche est mal calibrée.
Les effets sur le délégant
Par confiance
Temps libéré pour des tâches à plus forte valeur.
Soulagemlent durable, meilleure gestion de l'énergie.
Par fatigue
Soulagement temporaire, suivi souvent plus lourd après coup.
Risque d'épuisement, de ressentiment ou de méfiance croissante.
Le résultat global
Par confiance
Qialité plus élevée à moyen terme, climat de confiance durable.
Organisation plus agile et plus résiliente.
Par fatigue
Résultats incertains, retours arrière fréquents.
Dysfonctionnements récurrents, usure du lien hiérarchique.
Comment identifier votre type et ajuster
Pour savoir si vous déléguer par confiance ou par fatigue, posez-vous ces questions :
Quand vous déléguez, est-ce parce que vous pensez que le collaborateur peut faire la tâche de manière satisfaisante, ou juste parce que vous ne pouvez plus le supporter vous-même ?
Prenez-vous le temps de bien expliquer, de fixer des objectifs clairs, de donner des moyens suffisants ? Ou c'est fait dans l'urgence ?
Est-ce que vous acceptez l'idée que le collaborateur puisse avoir sa propre méthode, faire différemment de vous ?
Est-ce que vous prévoyez un suivi, un feedback, et un apprentissage éventuel, ou vous préférez juste " que ce soit fait " ?
Si vous trouvez que vous déléguez souvent par fatigue, voici des pistes pour équilibrer :
Planifier en amont : identifier ce qui peut être délégué avant d'être débordé.
Former et investir dans les compétences de votre équipe. Cela coûte du temps mais rapporte ( moins d'erreurs, plus de confiance ).
Créer un cadre clair : objectifs, critères de qualité, modes de communication.
Reconnaître et accepter l'imperfection initiale : la confiance de bâtir aussi par des essais-erreurs.
Mettre en place un suivi léger mais régulier, pour corriger le tir sans micro-gérer.
Donner des feedbacks, valoriser ce qui fonctionne, cela entretient la confiance.
Angle mort et subtilité
La confiance ne supprime pas le contrôle : déléguer ne signifie pas laisser faire sans aucune supervision. Il s'agit plutôt de définir le bon niveau de contrôle. Trop peu incite aux erreurs, trop de contrôle tue l'autonomie.
Déléguer n'est pas toujours approprié pour toutes les tâches: certaines tâches critiques, sensibles, demandant un haut niveau d'expertise ou de responsabilité. Il faut distinguer quoi déléguer, à qui, dans quelles conditions.
Tout le monde ne veut pas déléguer ou prendre ce que l'on délègue : certains collaborateurs manquent d'envie, de confiance en eux, ou ne veulent pas d'une charge supplémentaire. Cette dimension humaine est souvent sous-estimée.
Le délégant peut avoir des croyances limitantes: " Je suis le seul capable", " Ce sera mal fait", " Si je délègue, je perds du pouvoir". Ces peurs détournent souvent la délégation " par confiance " vers une délégation par fatigue ( ou en façade ).
Le contexte organisationnel joue un rôle énorme : culture managériale, niveaux hiérarchiques, pressions de performance, ressources disponibles, etc. Dans certaines organisations, déléguer est mal vu ( on croit que le manager doit tout contrôler ) ou les processus le dissuadent ( peu de temps, peu de soutien ).
Déléguer par confiance plutôt que par fatigue offre des bénéfices durables : montée en compétences, gain de temps réel, meilleure motivation, autonomie, résilience. Mais cela demande un investissement initial : temps pour expliquer, accepter le risque, accepter l'imperfection, communiquer.
Déléguer par fatigue peut sembler plus rapide à court terme, alléger la charge, mais souvent cela se paye plus tard, en corrections, en perte de confiance, en tensions, voire en nouvelle surcharge mentale.
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