" La minute management et coaching # 296 " Quand l'efficacité devient une excuse pour manquer d'humanité.

Depuis de nombreuses décennies, l'efficacité s'est imposée comme un idéal absolu dans les entreprises, les administrations, les hôpitaux, les écoles...

Mais à quel prix ?

• Quand un soignant doit chronométrer ses soins pour " optimiser sa tournée ".

• Quand un manager refuse l'écoute d'un collaborateur en détresse pour " ne pas perdre de temps ".

• Quand une décision brutale est justifiée par un simple " c'était plus efficace ".

Alors, on voit pointer une question dérangeante : à quel moment l'efficacité cesse-t-elle d'être un levier de progrès pour devenir un alibi pour l'inhumanité ?

Efficacité vs humanité

L'efficacité :

• Capacité à atteindre un objectif avec un minimum de ressources.

• Objectif souvent quantitatif : gain de temps, d'argent, de productivité.

L'humanité :

• Capacité à reconnaître l'autre comme un être sensible, avec des besoins, des émotions, une dignité.

• Valeurs : écoute, empathie, attention, équité, justice.

Le glissement dangereux

Lorsque l'efficacité devient une fin en soi, elle peut conduire à :

• L'invisibilité de l'humain.

• La déshumanisation des décisions.

• Une forme moderne de violence symbolique

L'humain devient un coût, un problème, un obstacle.

L'efficacité sans humanité : quelques exemples

L'hôpital publlic : le malade devient un " flux "

• Gestion hospitalière inspirée du lean manufacturing.

• Réduction des durées d'hospitalisation à tout prix.

• Personnel à flux tendu, soins dépersonnalisés.

• Résultat : burn-out, perte de sens, erreurs, souffrance.

L'entreprise: le salarié devient une "ressource"

• " Ressources humaines " vs " Richesses humaines ".

• Automatisation des entretiens, des recrutements, des évaluations.

• Décisions prises par algorithme (ex: promotion)

• Résultat : désengagement, absentéisme, turnover.

L'éducation : l'élève devient un " indicateur de performance "

• Pression sur les résultats, évaluations standardisées.

• Moins d'écoute, plus de " formats rentables ".

• Résultat : perte de sens de l'apprentissage, anxiété, décrochage.

Pourquoi ce glissement est-il si fréquent ?

Parce que l'efficacité est mesurable, l'humanité non

• Les tableurs aiment les chiffres, pas les nuances.

• Ce qui se mesure finit par gouverner, même s'il est périphérique.

  
  

Parce que l'humanité prend du temps

• L'écoute ralentit le processus.

• Le soin, l'empathie, la pédagogie sont improductifs à court terme.

  
  

Parce que la peur gouverne

• Peur de ne pas être compétitif.

• Peur d'échouer, peur d'être jugé " faible ".

  
  

Parce que la technologie déresponsabilise

• Délégation des décisions à des systèmes automatisés.

• " Ce n'est pas moi qui ai décidé, c'est l'algorithme "

Les conséquences invisibles mais dévastatrices

Sur les personnes

• Détresse morale et psychologique.

• Perte de sens, sentiment d'être instrumentalisé.

  
  

Sur les collectifs

• Défiance.

• Baisse de coopération.

• Climat toxique.

  
  

Sur les organisations elles-mêmes

• Court-termisme.

• Érosion de la réputation.

• Turnover élevé.

• Rigidité, inefficacité paradoxale.

  
  

Une organisation peut devenir efficace à mourir : rapide, rentable mais sans âme, sans adhésion, sans avenir.

Quelques principes pour réconcilier efficacité et humanité

• Ralentir pour mieux agir : le ralentissement momentané peut améliorer la qualité et prévenir des erreurs coûteuses.

  
  

• Remettre l'écoute au coeur du process : l'humain a besoin d'être entendu pour contribuer pleinement.

  
  

• Mesurer aussi ce qui ne se mesure pas : le climat social, l'engagement, la qualité relationnelle ( des indicateurs humains sont à intégrer ).

  
  

• Former les managers à l'intelligenc émotionnelle : le QI organisationnel n'est rien sans QE.

  
  

• Savoir dire non à l'inhumain : un manager courageux, c'est aussi quelqu'un qui refuse une efficacité déshumanisante.

  
  

• Mettre le sens au-dessus de la procédure : une organisation qui sait pourquoi elle agit, agira toujours mieux.

Ce n'est pas l'efficacité qui est le problème. C'est quand elle devient un masque pour éviter notre responsabilité morale.

Il ne s'agit pas de rejeter l'efficacité, mais de la remettre à sa place : un moyen, jamais une fin.

Dans un monde où la technologie peut tout accélérer, l'enjeu n'est pas de faire plus vite, mais de faire plus juste, plus humain, plus durable.

Et cela passe par une décision simple mais radicale : ne jamais sacrifier une personne sur l'autel de la performance !

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