" La minute manager et coaching #298 " Qu'avez-vous mis en place pour cacher votre inutilité ?

Une citation de l'irremplaçable Desproges : " L'ennui dans le travail naît souvent de l'observation prolongée de managers en action ".

Le soupçon fondamental

Les managers pullulent. Les " chiefs" , " leads ", " heads of ", " coordinators ", " directors " ou autres facilitateurs saturent l'organigramme. Pourtant, une question subsiste : créent-ils de la valeur ou organisent-ils l'apparence d'en produire ?

Le paradoxe du manager moderne : chef d'orchestre ou chef de trafic

Le manager est censé :

• Donner une vision.

• Faciliter la collaboration.

• Répartir les tâches.

• Suivre la performance.

• Développer les talents.

• Garantir l'alignement stratégique.

  
  

Mais dans la pratique une partie d'entre eux :

• Organisent des réunions inutiles.

• Produisent du reporting pour des reportings.

• Délèguent sans comprendre.

• Micro-management par insécurité.

• Accaparent les succès et diluent les échecs.

Ainsi le manager peut osciller entre catalyseur et grain de sable, selon ses compétences, son environnement, et surtout sa lucidité sur son rôle.

Les chiffres parlent

Un rapport de Harvard Business Review (2022) révèle que :

• 67% des collaborateurs considèrent leur manager comme non inspirant.

• 42% des managers de niveau intermédiaire ne savent pas expliquer la stratégie de leur entreprise.

• 37% estiment eux-mêmes ne pas créer de valeurs mesurables.

  
  

Ce flou quant à l'utilité est aggravé par la complexité des structures matricielles, des outils numériques mal intégrés et de la pression du temps réel.

Le techniques ( conscientes ou non ) pour masquer l'inutilité

• L'infobésité : surproduction de documents, présentations, dashboards. Cela crée un bruit informationnel dissimulant l'absence d'action.

  
  

• La réunionite : multiplication des réunions sans objectifs clairs. C'est l'occupation du temps comme preuve d'engagement.

  
  

• La "buzzwordisation" : usage excessif de jargon ( scalabilité, empowerment, etc.). Tous ces mots cachent la vacuité conceptuelle.

  
  

• Le micro-management : surveillance excessive des équipes. Elle dissimule l'absence de vision stratégique.

  
  

• Le mimétisme vertical : reproduction du comportement du N+1. C'est la création d'une chaîne d'inaction légitimée.

  
  

• La communication sur la perfoprmance : elle donne l'illusion d'un leadership éclairé.

  
  

Ces pratiques sont souvent inconscientes. Elles résultent moins d'une volonté de nuire que d'un vide de sens dans certaines fonctions intermédiaires.

Et pourtant, il y a des managers utiles

Rendons justice à ceux qui:

• Dégagent des obstacles pour leurs équipes.

• Protègent les collaborateurs des injonctions contradictoires.

• Transforment les conflits en synergies réelles.

• Donnent du sens plutôt que des tâches.

• Savent se retirer quand ils deviennent des freins.

  
  

Le bon manager ne brille pas par sa visibilité, mais par la fluidité qu'il permet. Il est un catalyseur silencieux.

Vers un management régénéré

Quelques pistes concrètes :

• L'autodiagnostic sans compromis : " Si je disparaissais demain, que se passerait-il ?". Une question à se poser honnêtement.

  
  

• La réductioin du bruit organisationnel :

  - 1 réunion inutile supprimée = 1 heure de productivité libérée.

  - Prioriser l'action plutôt que la documentation de l'intention.

  
  

• La capacité à dire " non " :

  - Refuser les injonction absurdes.

  
  

• La mesure de l'impact réel :

  - Se mesurer sur la base des réussites des équipes, pas sur les heures passées à " piloter ".

  
  

• La formation à l'humilité :

  - Le pouvoir d'un manager n'est pas de faire faire, mais de permettre de faire.

  
  

La véritable utilité d'un manager ne se voit pas toujours. Mais son inutilité, elle, finit toujours par se ressentir.

À l'ère du travail hybride, du sens retrouvé, de l'IA qui automatise la supervision et du besoin de liens authentiques, le manager doit redevenir un acteur de la clarté et non un producteur d'opacité.

Alors, à la question " Qu'avez-vous mis en place pour masquer votre inutilité ? ", la seule réponse valable serait : " Rien, car je me bats chaque jour pour mériter mon rôle".

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